L'Obusier que nous présentons, fait partie des canons de campagne mis au point par Vaquette de Gribeauval en 1764.
En 1762, l'officier français Vaquette de Gribeauval (1715 - 1789) sert dans l'armée autrichienne. Dans une lettre destinée à Monsieur de Choiseul alors ministre de la guerre de Louis XV, il décrit cette fameuse artillerie autrichienne, vante ses qualités et précise qu'un homme "éclairé" pourrait prendre dans ces deux artilleries (la française et l'autrichienne) de quoi en composer une qui réunirait le meilleur des deux et en fasse la meilleure du monde.
Rentré en France, il est aussitôt chargé de réformer l'artillerie Royale (1764).
Son principe est d'une clarté absolue : Il faut varier les engins selon la nature des services qu'ils doivent rendre. Il crée ainsi l'Artillerie de campagne, l'Artillerie de siège, l'Artillerie de place et l'Artillerie de côtes.
Il modernise... de sorte que toutes les pièces composant un canon ou un matériel roulant soient identiques. Il impose des tables de constructions, dimensionnement détaillé et précis de toutes les pièces. Dans tous les arsenaux, on fabriquera un matériel interchangeable, des éléments constructifs, des matériels de l'artillerie, des transports et des forges.
Notre obusier de 6 pouces fait donc partie de cette artillerie de campagne composée de canons de 12, 8, 4 et de l'obusier de 8 pouces (220mm).
L’âme de notre canon a un diamètre de 165 mm, son tube en bronze, d'une longueur de 770 mm, est orné du monogramme Impérial.
Le poids de son projectile est d'environ 14 kg, boulet en fonte de fer creux empli de poudre dans lequel est vissée une fusée munie de 2 mèches qui s'enflamment dès le coup de départ.
La charge de poudre est de 1,8 kg, la portée est de 1200 m, la vitesse du projectile 260 m par seconde.
Affût à flasques courtes 2,40 m; son angle de tir est de 14° ce qui lui permet d'avoir un tir plongeant, les canons étaient limités à 4°. Pour anecdote : on aurait lors d'un siège "bricolé" les obusiers afin d'obtenir un tir courbe proche du mortier. La vis de pointage est verticale. Son avant train à limonière fixe. Il est attelé par 2 chevaux en file (à la française). Son coffret à munitions placé entre les 2 flasques à une capacité de 4 coups.
Le poids de la pièce sans l'avant train est de 650 kg. Sa cadence de tir 3 coups minute. Elle est servie par 13 canonniers. Elle est approvisionnée par 3 caissons, chaque caisson est divisé en compartiments pour contenir tout le matériel nécessaire, gargousses, obus (49) et boîtes à mitrailles (3) mais aussi un petit outillage pour les canonniers (poinçons, doigtiers, maillets, mesure, entonnoirs etc...) Ce qui fait au total pour les 3 caissons 160 coups.
Les dates officielles de sa période opérationnelle 1764 - 1805.
Il est bien entendu que son service a duré toutes les guerres de l'Empire.
Le système Gribeauval sera remplacé entre 1825 et 1828 par un nouveau désigné sous le nom du Maréchal Vallée (1773 - 1846).
Néanmoins les tubes mis au point en 1764 avec quelques modifications (rayures) tireront encore en 1870, 1882 pour le dernier d'entre eux, fondu en 1775.
Cet exemple démontre la qualité du matériel mis au point et la valeur des fondeurs de cette époque.
Historique