Tout feu, tout froid
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Dimanche 4 Décembre 2005, © L'Est Républicain / Région
récupérés via Internet dans le dossier Archives de L'Est Républicain
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Amenés sur place par deux porte-char du 8e RA de Commercy, les trois canons des Vosges napoléoniennes ont tonné lors du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz.
SLAVKOV (République tchèque). - Ambiance de feu mais température glaciale (- 5 ème) pour la commémoration du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805) hier sur les lieux. Les 170 personnes venues ici avec les Vosges napoléoniennes ont claqué des dents et tapé dans les mains à la vue des différents corps d'armée manoeuvrant comme à la parade dans une odeur et un brouillard de poudre.
« Il y avait 3.800 reconstitueurs », avance Miroslav Jandora, le responsable de la manifestation, « Pour le public, je ne sais pas. On travaille sur ce projet depuis huit ans. Je n'imaginais pas qu'il y aurait autant de monde ». Sans doute plusieurs dizaines de milliers de personnes. Parmi elles, Frédéric, ancien militaire, aujourd'hui cadre commercial chez France Télécom. « 1 h 40 de manoeuvre avec formation de carrés, tirs... C'était remarquable, d'un niveau rare ». Bref, pour les spécialistes, une reconstitution à la hauteur de l'événement. Pour le profane, un incroyable imbroglio où le décor et les costumes l'emportaient largement sur un scénario incompréhensible.
Mais, bon, l'artillerie des Vosges napoléoniennes (trois canons et cinq hommes conduits par JB) a tenu son rang. Après bien des tribulations, les deux pièces de quatre livres et l'obusier de six pouces sont arrivés à bon port. Elles ont été transportées sur place par six hommes (dont une femme) du 8e RA (Régiment d'artillerie) de Commercy qui était déjà présent sur le champ de bataille en 1805. Emmené par l'adjudant-chef Laville, le détachement en a profité pour découvrir l'armée d'une autre époque. « Impressionnant, cela fait du monde. Il faut le voir une fois dans sa vie. Tout est dans le prestige, la belle tenue ».
« Cela prend à la gorge »
Encore plus d'émotion dans la voix de Jean-Claude Perrin, chef de bataillon dans l'artillerie de la garde originaire de Chaligny officiant sur l'un des canons. Il confie : « Participer à la reconstitution, cela prend à la gorge. C'est vraiment très fort. Cela vaut tous les millions ». La passion est à fleur de peau. L'homme raconte sa passion pour Drouot, le sage de la Grande armée. Les détails abondent. La difficile jeunesse de ce troisième enfant d'une famille qui en comptait douze, son ascension à force de volonté. Lui-même n'a pas ménagé sa peine. Le rutilant costume qu'il porte arrive d'Italie. Une belle-soeur couturière a assuré les finitions et il a appris à broder pour les besoins de la cause.
L'artillerie des Vosges napoléoniennes est placée sur l'aile gauche du dispositif français et participe à la pacifique mais bruyante manoeuvre tournante qui prend à revers l'avant-garde des « reconstitueurs » austro-russes imprudemment avancée. JB a pris ses consignes auprès d'Oleg Sokolov qui tient ici le rôle du maréchal Soult et joue les maîtres d'oeuvre. Pour un peu, on s'y croirait. L'histoire se répète. Napoléon, victorieux, finit par saluer la foule, le chapeau dans la main.
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Philippe MARCACCI
Jean-Claude Perrin en costume d’époque devant un véhicule du 8e RA :
« Cela vaut tous les millions ».
Le 2 décembre 1805 - Victoire d'Austerlitz